Encore plus que tout autre genre musical, l'opéra semble séparer les gens en deux catégories: ceux qui adorent et ceux qui ne supportent pas. Les éléments enthousiasmants comme l'intensité des émotions, la complexité des intrigues, l'omniprésence de la musique sont vus par les opposants à l'opéra comme d'un ridicule achevé. En savoir plus...
Il existe cependant un domaine où amateurs et détracteurs se rencontrent et même partagent un buzz positif: c'est lorsque les morceaux de musique ne sont plus chantés par une soprano colorature agressive pour les oreilles ou une basse si profonde qu'elle en devient inhumaine, mais par des ensembles de gens normaux, c'est-à-dire par un chœur. Et c'est en tant que tel que les Chœurs de l'Union européenne sont heureux de vous présenter un concert dédié à certaines des plus belles partitions pour chœur qu'on puisse trouver dans les opéras.
Une musique « simplement » belle Par ordre chronologique, nous commencerons par "Orfeo ed Euridice" de Christopher Willibald Gluck, caractérisé par une musique dont la simplicité fait la beauté et par un livret d'une intense émotion. Traitant d'un amour qui transcende les frontières, Orfeo (écrit en 1762) est représentatif de la modernité de Gluck, avec l'absence des arias virtuoses qui faisaient valoir les solistes et la place prépondérante occupée par le texte sur la musique pour souligner le contenu dramatique de l'action. Il est vrai que " Che farò senza Euridice" est une aria mais la plainte d'Orphée après la perte de son Eurydice n'est-elle pas encore plus poignante quand elle est chantée par 80 voix ? Un théâtre au bord de la banqueroute La Flûte Enchantée, opéra de Mozart, partage avec Orfeo le concept d'un protagoniste affrontant des difficultés dans de sombres contrées. Le compositeur écrivit cet opéra à la demande de son ami Emmanuel Schikaneder pour tenter de l'aider à sauver son théâtre de la faillite et il semble que la première représentation ait reçu un accueil très favorable en 1791. Dans l'air "O Isis und Osiris", les prêtres de Sarastro (le souverain du royaume de lumière) conjurent ces deux dieux (symbolisant respectivement la mère idéale et la vie après la mort/la fertilité) d'aider le héros à surmonter les obstacles qui lui font face. Inspiré d'un conte populaire C'est devant un public enthousiasmé que Carl Maria von Weber (dont la cousine Constance avait épousé Mozart) fit donner son opéra Der Freischütz à Berlin en 1821. Inspiré d'un conte populaire et recourant à un langage musical très expressif, l'action inclut des évènements surnaturels et se déroule dans une mystérieuse forêt. Après avoir ainsi mesuré le pouls du public allemand lors de sa glorieuse première en 1821, Der Freischütz a libéré l'opéra du carcan des règles franco-italiennes et marqué le début de l'opéra romantique allemand. Vous écouterez le "Chœur des chasseurs" dans lequel ces derniers chantent leur bonheur de chasser. Un hymne italien officieux Notre concert comprend de nombreux extraits d'opéras de Giuseppe Verdi. Nabucco, basé sur des épisodes de la Bible, fut donné pour la première fois en 1842. La précédente production sur scène de Verdi avait été un échec, amenant le compositeur à douter de ses capacités musicales et à hésiter à se lancer dans un nouvel opéra. Même après avoir été convaincu de regarder le livret, écrire Nabucco lui prit temps et peine. Mais quand, malgré tout, l'opéra fut monté à La Scala, le compositeur devint célèbre en une seule nuit et le "Va pensiero", le chant des esclaves hébreux pleurant leur patrie perdue, devint l'hymne national officieux de l'Italie. En janvier 1853 eut lieu la première représentation du Trouvère (Il Trovatore), une histoire tragique qui mêle l'improbable à la passion et qui relate sur une très belle musique un complot infâme, un choc pour un auditoire épris d'ordre et de beauté. C'est un opéra qui nécessite des solistes virtuoses, expressifs et énergiques; Enrico Caruso aurait même dit que, pour monter Le Trouvère, il n'y a besoin que des quatre meilleurs chanteurs au monde! Et bien sûr aussi besoin d'enclumes que Verdi a inclus dans son orchestration comme instruments de musique: "Le chœur des enclumes", qui symbolise le dur labeur des Gitans et leur ardeur à l'accomplir, est chanté par les Gitans frappant des enclumes. La Traviata, huée lors de la première en 1853 (pour avoir été mal chantée), est désormais l'opéra le plus joué au monde; bien qu'il ne présente ni décors grandioses ni évènements sensationnels tels qu'enlèvements, meurtres et folie, ce qui le différencie des opéras habituels du temps de Verdi. La Traviata débute par un prélude presque douloureux qui annonce une œuvre sur la fragilité des êtres humains. Avec certains des plus grands airs d'opéras pour soprano, La Traviata comprend aussi plusieurs chœurs – tels que le "Chœur des matadors" et le "Chœur des Gitanes" chantés par les artistes présents dans l'opéra à la soirée à laquelle assistent Violetta et Alfredo – les amants désunis. | "La Traviata, huée lors de la première en 1853 (pour avoir été mal chantée), est désormais l'opéra le plus joué au monde" Interview |
1ère partie Extrait : Les voici, voici la quadrille! Carmen, BIZET 2e partie Extrait : Kermesse Faust, GOUNOD Extraits du Concert de Gala avec José Van Dam et l'Ensemble Orchestral de Bruxelles dir. J. Vanherenthals BOZAR |
Programme
Les Plus Beaux Chœurs d'Opéra
Les Chœurs de l'Union européenne, dir. Dirk De Moor
Ensemble Orchestral Mosan, dir. Jean-Pierre Haeck
Direction générale Jean-Pierre Haeck
Ana Rodriguez, comédienne
Date
Samedi 4 juin 2016 à 20h
Lieu
Palais des Beaux-Arts de Charleroi
Place du Manège 1
6000 Charleroi
Les Plus Beaux Chœurs d'Opéra
Les Chœurs de l'Union européenne, dir. Dirk De Moor
Ensemble Orchestral Mosan, dir. Jean-Pierre Haeck
Direction générale Jean-Pierre Haeck
Ana Rodriguez, comédienne
Date
Samedi 4 juin 2016 à 20h
Lieu
Palais des Beaux-Arts de Charleroi
Place du Manège 1
6000 Charleroi
Légendes germaniques, mythologie grecque et chevalerie médiévale
Quand il dirigea Tannhaüser en 1845, Richard Wagner eut des difficultés à emporter l'adhésion de l'auditoire sur la musique, la dramaturgie et l'utilisation de la langue dans cet opéra de quatre heures. Il a sûrement été éprouvant de diriger pour la première fois une œuvre contenant des éléments provenant de légendes germaniques, de la mythologie grecque, de la chevalerie médiévale et liés à une passion amoureuse, le tout transposé en une musique si intense qu'elle en a rendu son auteur malade en la composant. Malgré tout, et après quelques remodelages, Tannhaüser est devenu (et est resté) un succès. "Beglückt darf nun dich, O Heimat, ich schauen" est chanté par les pèlerins de retour de Rome où ils ont imploré le pardon de leurs péchés.
Le « tube » de Faust
Rejeté parce que trop flamboyant et ne rencontrant qu'un succès limité lors de sa première représentation en 1859, Faust a été retravaillé par Charles Gounod pour devenir un chef d'œuvre mettant en lumière son talent à créer des mélodies de toute beauté et à recourir à une orchestration bien particulière. Cette adaptation romancée du drame philosophique de Goethe a ensuite été représentée avec un succès qui ne s'est jamais démenti, devenant même, par sa capacité à attirer des foules prêtes à payer pour la voir, une source de rentabilité pour maintes compagnies d'opéra. Le "Chœur des soldats", invoquant leurs ancêtres et pressés de retrouver leurs fiancées, est l'un des plus connus des airs de Faust.
“Gounod-esque”
Georges Bizet était en admiration devant le Faust de Gounod – l'air qu'il a écrit pour Micaëla dans Carmen a même été critiqué parce que "Gounod-esque" (Gounod lui-même aurait en fait pu donner sa propre évaluation de l'air puisqu'il était présent à la première représentation en 1875). Bien qu'ayant choqué un auditoire bourgeois avec ses personnages de femmes sans moralité et fumant en public, ses déserteurs de l'armée et sa fin brutale, Carmen a survécu pour devenir une des œuvres lyriques les plus aimées. L'air "Les voici" est chanté par la foule pour célébrer l'arrivée des matadors.
“Belle nuit, ô nuit d’amour”
Tomber amoureux d'un automate ou d'une chanteuse atteinte d'un mal mystérieux: écrite par les librettistes Jules Barbier et Michel Carré d'après les contes romantiques de E.T.A. Hoffmann, c'est la trame de l'opéra du même nom (Les Contes d' Hoffmann) de Jacques Offenbach. Construit sur une partition musicale qui varie du pur vaudeville au lyrisme le plus raffiné, l'opéra ne fut jamais terminé: Offenbach mourut avant la première représentation en 1881 et fut complété ensuite par Ernest Guiraud (qui contribua aussi à Carmen en écrivant les récitatifs orchestraux). La barcarolle en duo "Belle nuit, ô nuit d'amour", accompagnée par un chœur simplement chantant sans parole une ligne mélodique, souligne le côté sinistre de l'action qui se déroule au même moment.
Notes sur les compositeurs compilées par Geneviève Ralet
Notes sur les œuvres compilées par Maria Monica Bojin
Copyright « Les Chœurs de l'Union européenne »
Quand il dirigea Tannhaüser en 1845, Richard Wagner eut des difficultés à emporter l'adhésion de l'auditoire sur la musique, la dramaturgie et l'utilisation de la langue dans cet opéra de quatre heures. Il a sûrement été éprouvant de diriger pour la première fois une œuvre contenant des éléments provenant de légendes germaniques, de la mythologie grecque, de la chevalerie médiévale et liés à une passion amoureuse, le tout transposé en une musique si intense qu'elle en a rendu son auteur malade en la composant. Malgré tout, et après quelques remodelages, Tannhaüser est devenu (et est resté) un succès. "Beglückt darf nun dich, O Heimat, ich schauen" est chanté par les pèlerins de retour de Rome où ils ont imploré le pardon de leurs péchés.
Le « tube » de Faust
Rejeté parce que trop flamboyant et ne rencontrant qu'un succès limité lors de sa première représentation en 1859, Faust a été retravaillé par Charles Gounod pour devenir un chef d'œuvre mettant en lumière son talent à créer des mélodies de toute beauté et à recourir à une orchestration bien particulière. Cette adaptation romancée du drame philosophique de Goethe a ensuite été représentée avec un succès qui ne s'est jamais démenti, devenant même, par sa capacité à attirer des foules prêtes à payer pour la voir, une source de rentabilité pour maintes compagnies d'opéra. Le "Chœur des soldats", invoquant leurs ancêtres et pressés de retrouver leurs fiancées, est l'un des plus connus des airs de Faust.
“Gounod-esque”
Georges Bizet était en admiration devant le Faust de Gounod – l'air qu'il a écrit pour Micaëla dans Carmen a même été critiqué parce que "Gounod-esque" (Gounod lui-même aurait en fait pu donner sa propre évaluation de l'air puisqu'il était présent à la première représentation en 1875). Bien qu'ayant choqué un auditoire bourgeois avec ses personnages de femmes sans moralité et fumant en public, ses déserteurs de l'armée et sa fin brutale, Carmen a survécu pour devenir une des œuvres lyriques les plus aimées. L'air "Les voici" est chanté par la foule pour célébrer l'arrivée des matadors.
“Belle nuit, ô nuit d’amour”
Tomber amoureux d'un automate ou d'une chanteuse atteinte d'un mal mystérieux: écrite par les librettistes Jules Barbier et Michel Carré d'après les contes romantiques de E.T.A. Hoffmann, c'est la trame de l'opéra du même nom (Les Contes d' Hoffmann) de Jacques Offenbach. Construit sur une partition musicale qui varie du pur vaudeville au lyrisme le plus raffiné, l'opéra ne fut jamais terminé: Offenbach mourut avant la première représentation en 1881 et fut complété ensuite par Ernest Guiraud (qui contribua aussi à Carmen en écrivant les récitatifs orchestraux). La barcarolle en duo "Belle nuit, ô nuit d'amour", accompagnée par un chœur simplement chantant sans parole une ligne mélodique, souligne le côté sinistre de l'action qui se déroule au même moment.
Notes sur les compositeurs compilées par Geneviève Ralet
Notes sur les œuvres compilées par Maria Monica Bojin
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