« O Fortuna », deux mots pour résumer une œuvre magistrale : celle des poètes médiévaux à l’origine des Carmina Burana, à la source desquels Carl Orff, compositeur allemand du 20ème siècle, choisira de puiser lorsqu’il composera sa célèbre cantate pour chœur, solistes, pianos et percussions. En savoir plus...
Au milieu des années trente du siècle dernier, Orff voit lui sourire la Fortune dans le domaine artistique. Non celle, contemporaine, univoque et matérialiste, mais bien celle, à la fois crainte et désirée, dont la roue scelle le sort, tour à tour réjouissant et angoissant, des êtres pris dans son mouvement et dont s’inspireront, dès l’Antiquité, poètes et écrivains. Celle des marins d’Amsterdam de Brel, de la chanson éponyme de Ferré ; celle encore qui, à l’époque de la composition de Carl Orff, fera regretter les réjouissances des Années Folles et craindre la montée des extrémismes en Europe. Cette Fortune qui, avant tout, régit les Poèmes de Beuren ou Carmina Burana.
Perdus et retrouvés Jusqu’à leur redécouverte en 1803, ces textes sommeillèrent dans la bibliothèque de l’abbaye bavaroise de Benediktbeuern. Formant un ensemble de chants laïques ou religieux du 13ème siècle, ils sont rédigés en latin médiéval mais également en moyen haut-allemand et en ancien français. Racontant le Destin de l’Homme au travers d’allégories, telle que celle de l’ascension et de la chute d’un roi pris dans la Roue de la Fortune (« Regnabo, Regno, Regnavi, Sum sine regno »), ce cycle du destin nous dévoile les couleurs du sort qui nous emporte ; froides et sombres lorsqu’il nous malmène, chaudes et rayonnantes quand revient sa clémence. Ce sont ces couleurs qui nourriront la palette musicale du compositeur allemand à l’heure des Carmina Burana pour représenter les affects de l’Homme face au Destin, dans ses subtiles nuances. La Roue tourne Composés de vingt-quatre poèmes profanes répartis en cinq sections, les Carmina Burana nous feront passer de la révolte face à l’implacable sort, à des chants d’amour et des chansons à boire, en passant par une ode au printemps. Derrière ces thèmes en apparence disparates se cache le mouvement perpétuel et redoutable de la Roue de la Fortune. Mises particulièrement à l’honneur, les percussions rythment l’œuvre, telle la Fortune scandant l’existence. Les changements rythmiques mettent en évidence les variations inattendues du Destin, tandis que les lignes mélodiques renouent avec la musique ancienne pour retrouver l’esprit des poètes médiévaux. Pour cette œuvre atypique, les Chœurs de l’Union européenne seront accompagnés par Julie Calbete (soprano), Ivan Goossens (ténor) et Thierry Vallier (baryton), par l’Ensemble de percussions du Conservatoire de Bruxelles dirigé par Louison Renault, par les Petits Chanteurs de Belgique, dirigés par Anthony Vigneron ainsi que par les pianistes Luc Devos et Mathias Lecomte. Au Conservatoire de Bruxelles, les 23 et 25 octobre 2015. | "Mises particulièrement à l’honneur, les percussions rythment l’œuvre, telle la Fortune scandant l’existence" Programme Carmina Burana ( Carl Orff ) Inno delle Nazioni (Giuseppe Verdi) Les Chœurs de l'Union européenne Julie Calbete, soprano - Ivan Goossens, ténor - Thierry Vallier, Baryton Luc Devos et Mathias Lecomte, pianos Ensemble de percussions du Conservatoire de Bruxelles, dir. Louison Renault Les Petits Chanteurs de Belgique, dir. Anthony Vigneron Direction générale Dirk De Moor Dates Vendredi 23 octobre 2015 à 20h Dimanche 25 octobre 2015 à 16h Lieu Conservatoire royal de Bruxelles |